Etal n° 5 – Le vivant et l’artificiel –Avignon- 1984
A l’hôpital St. Louis : l’étal du maraîcher : réalisation en public de la septième polychromie 2 m. x 6 m. Peinture acrylique sur fruits et légumes.
J. C. Montel dans sa préface au catalogue « La séduction de l’éphémère » écrit:
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« Pancino subtilise à l’étal du fruitier pommes de terre, carottes, poireaux et citrouilles, selon la saison, puis il les assemble et les peint. Puis il les laisse sécher et se ratatiner. Ainsi fardés et maquillés. peuvent- ils alors s’exposer à l’étal de la peinture. Ils ne sont plus destinés à être mangés mais regardés. Par ce subtil détournement, un bien fongible, à simple valeur d’usage, devient une oeuvre d’art à valeur d’échange. Avec humour et presque désinvolture il nous fait comprendre qu’il n’ignore rien du marché des légume: comme de celui de la peinture' » |
Roberto Daolio dans « Flash Art » |
…. »II existe bien des façons de se rappeler les choses comme elles étaient. D’articuler les bouffées de la mémoire et du temps qui passe à travers des traces, des fragments, des lambeaux sans signification, d’inconsistants résidus concassés … L’instabilité pulsative du temps, enregistrée par le souple langage des hommages, ne s’arrête pas à la promiscuité d’une réécriture désacralisante et qui rend captif, mais oeuvre à résoudre le changement du signe linguistique, au delà des limites de la métaphore, de la subtilité comme en soi. Voilà les pommes de terre, les poireaux, les artichauts, les agrumes de Pancino; accepter d’être les acteurs d’une « réelle » transformation, qui avant de se réaliser sous nos yeux (et sous nos sens), jaillit dans le royaume inconsistant des idées. Une dimension conceptuelle pleine de propos d’une saveur vaguement Dada (pour être plus précis, plus près de la tendance à l’accumulation et des compositions des pièces vécues d’un Schwitters que du ready-made mis en place d’un Duchamp, qui n’aurait jamais utilisé un autre élément naturel que l’air) et, après tout pourquoi pas, d’humeurs surréelles, filtrées par une participation consciente, ironique et amusée. Nature et artifice d’un jeu complexe, de contaminations combinatoires, qui brouillent et mélangent les termes d’un choc perceptif distrait. Comme pour donner consistance et forme plastique à une durée biologique qui transforme l’image jusqu’à la condenser en objet. Objet et sujet superposés et confondus au sein d’une unité temporelle, saisie aux moments de passage et de transformation, quand l’oeuvre n’est que souvenir et témoignage d’un processus, ou mieux d’une phase de « transmutation de l’instant ». |
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